Gravir la pente et les marches pour accéder au parvis, puis pousser le lourd battant et pénétrer dans la collégiale.
Se taire, marcher sans bruit d’un pas ralenti, s’asseoir, fermer les yeux.
Respirer.
Vous êtes alors au cœur de l’immuable.
Vous échappez à la course du temps, à la course du monde.
Les bruits s’éloignent.
Le silence advient.
Le bruit nous divise, le silence nous divinise.
Le silence n’est pas tant l’absence de bruit que la présence à soi.
La collégiale est un sanctuaire de silence qui nous met à l’écoute de nous-mêmes.
Être à l’écoute, c’est écouter l’être.
Nous écoutons ce qui écoute en nous, ce qui respire en nous.
Cette inspiration nous aspire au fond de nous.
Le calme et la paix émanent puissamment de la collégiale.
Elle intercède auprès de nous afin que nous nous portions à l’écoute de nous-mêmes. Afin que, protégés intérieurement et extérieurement du vacarme, nous soyons attendus par le silence.
Attendus du fond des âges.
Du fond des siècles au cours desquels d’innombrables générations d’hommes ont offert leur persévérance pour élever ce vaisseau de pierre et nous élever avec lui.
Ici, dans l’écho porté par chaque pierre, le moindre son semble suspendu et comme en apesanteur.
Le son ainsi réverbéré se pare d’un halo de douceur.
La pierre de Sainte-Waudru, grès de Bray ou bleue d’Ecaussines, n’est pas seulement belle à voir, elle est aussi belle à entendre.
Ici, la pierre est prière.
Chaque pierre est un joyau savamment taillé qui, placé à sa juste place, est la juste note d’une gigantesque partition monumentale, d’une sublime symphonie lapidaire et muette dont nous percevons intimement le souffle.
Jean dit dans l’Apocalypse : « que celui qui a des oreilles écoute ce que le souffle inspire »
Sainte-Waudru nous invite patiemment à prêter l’oreille à ce souffle essentiel.
Paru dans « La Collégiale Sainte-Waudru, rêve des Chanoinesses de Mons », ouvrage collectif sous la direction de Gérard Bavay et Benoît Féron, Éditions Racine, Bruxelles, 2008.